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Chapitre 10

Martín BERASATEGUI

Un entretien avec le chef aux douze étoiles.

Auteurs du chapitre

DAVID DE JORGE

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DAVID DE JORGE
Martín BERASATEGUI
Martín BERASATEGUI
Numéro 21 Chapitre 10
Martín Berasategui dans la cuisine de son restaurant à Lasarte, avec sa Fifty Fathoms au poignet.

Martín Berasategui dans la cuisine de son restaurant à Lasarte, avec sa Fifty Fathoms au poignet.

Martín Berasategui (né en 1960) utilise le langage du feu pour communiquer et réalise des mises en scène uniques au monde. Chaque proposition intègre de l’exagération, de la prudence et de la mesure, de la rondeur, une saveur explosive ou un parfum subtil. Les préparations adhèrent à l’assiette comme une peau fine et délicate de couleurs et de volumes.

MB : Je suis né rue General Echagüe, à proximité de la vieille ville de Saint-Sébastien. Mes parents étaient propriétaires d’un restaurant populaire, le Bodegón Alejandro. C’est là que nous passions notre vie. Je m’y rendais dès que je sortais de l’école. J’y déjeunais et dînais avec ma mère et ma tante. Je ne rentrais à la maison que pour dormir.

DJ : Un lieu magique pour vous ?
MB : Sans aucun doute : on jouait, on écoutait les grands, on apprenait ce qu’est vraiment la vie. C’était ma petite université privée car j’y rencontrais une grande partie de la société populaire basque. Mon père était boucher, il aimait passionnément les produits du terroir et savait s’entourer de gens qui partageaient ses goûts. Cependant, il n’aimait pas cuisiner et il était toujours dans la salle à manger où il savait soigner son entourage. À une table, on trouvait des poètes populaires. À une autre, des joueurs de pelote basque, des poissonniers, des boulangers, des étudiants ou des professeurs de lycée, tous pressés de finir leur plat. Il y avait aussi les joueurs de la Real Sociedad, la première équipe de football de la ville. C’était un lieu unique, avec une concentration de personnages impossible à retrouver aujourd’hui. Ma mère Gabriela et ma tante Maria passaient en permanence de la cuisine à la salle à manger, pour servir les clients et s’occuper de nous. J’appréciais leur présence.

DJ : J’imagine que votre apprentissage ne se limite pas à ce que vous avez appris d’elles.
MB : À dix-sept ans, j’ai rencontré le rameur de l’équipe nationale française d’aviron, Laurent Irazusta, qui travaillait dans la vente de matériel de cuisine. Quand je lui ai demandé s’il connaissait des gens dans l’hôtellerie, il m’a répondu qu’il équipait une pâtisserie en France – ce qui m’a permis de commencer mon apprentissage dans l’établissement de Jean
Paul Heinard. J’ai ensuite eu l’occasion de rencontrer André Mandion et de travailler pour lui. Ces divers contacts m’ont amené à connaître d’autres professionnels tels que Daniel Giraud. Plus tard, j’ai découvert la charcuterie de François Brouchican. Je l’ai accompagné à différentes manifestations et me suis senti très à l’aise : alors qu’il voulait me payer, j’ai préféré lui demander de me faire découvrir un restaurant récemment ouvert par l’un de ses amis. Il s’agissait du Pain, Adour et Fantaisie de Didier Oudill, ancien chef chez Michel Guérard. Ma façon de cuisiner en a été influencée. En ce qui concerne les chefs basques, c’est Hilario Arbelaitz du Zuberoa d’Oiartzun qui m’a le plus fortement impressionné. Nous sommes de grands amis.

DJ : Votre formation première de pâtissier a-t-elle laissé des traces ?
MB : Oui, absolument. Les pâtissiers laissent peu de place à l’improvisation, ils ont tendance à tout calculer. Quand on décide de faire quelque chose, on l’expérimente en cours de création, mais quand on a trouvé ce que l’on cherchait, on enregistre les grammages et les procédés d’élaboration. Moi, je note tout, j’ai une multitude de carnets auxquels je me réfère. Ainsi, mon équipe comprend exactement ce que je veux.

DJ : Vous êtes plus jeune que les autres cuisiniers de la Nueva Cocina Vasca1. Comment avez-vous fait pour les rejoindre ?
MB : J’avais beaucoup d’énergie, dix-neuf ans de moins que Juan Mari Arzak et douze ans de moins que le reste des membres du groupe. Qu’importe, j’avais décidé d’être cuisinier et personne n’allait m’en empêcher. Le Bodegón était toujours plein, il engendrait un vrai marathon pour tous ceux impliqués, y compris ceux d’entre nous qui travaillaient en cuisine. J’étais rôdé à la discipline de servir tout le monde à toute heure. J’aimais mon travail et, comme je suis très exigeant envers moi-même, j’avais décidé que je serais le meilleur possible dans la voie que j’avais choisie. J’étais très fier de ce que mes parents avaient accompli, mais je me sentais obligé d’aller plus loin… Je suis donc parti apprendre. J’étais survolté, mon sang bouillonnait d’énergie : je devais m’améliorer comme un athlète qui doit sans cesse se surpasser. J’avais installé un lit sous les escaliers du Bodegón et je me réveillais à l’aube pour aller étudier de l’autre côté de la frontière en France. J’étais résolu, je m’étais suffisamment entraîné dans un restaurant où l’on travaillait tout le temps.

¹ Apparu dans les années 1980, ce mouvement a réhabilité la cuisine basque en posant les bases d'un renouveau culinaire qui s'est progressivement étendu à
toute l'Espagne.

ART HORLOGER ET ART DE VIVRE : Une même tradition d’excellence

À première vue, il pourrait sembler que la gastronomie et la Haute Horlogerie soient diamétralement opposées. Néanmoins, quatre décennies d’une forte alliance entre Blancpain et les plus grandes étoiles de la gastronomie n’ont pas uniquement prouvé le contraire, elles ont mis en lumière les similitudes entre ces deux univers.

Songez au cortège des sommités qui nous ont rejoint dans ces pages et celles de certains livres de cuisine au cours de presque un demi-siècle : Frédy Girardet (l’un des deux Cuisiniers du siècle nommés par Gault & Millau), Joël Robuchon (l’autre Cuisinier du siècle), Marc Haeberlin, Michel Troisgros, Guy Savoy, Philippe Rochat, Benoît Violier, Jacques Lameloise, Éric Pras, Michel Rostang, Anne-Sophie Pic, Arnaud Lallement, Daniel Humm, Gérard Rabaey, Philippe Chevrier, Stéphane Décotterd, Antonio et Nadia Santini, Edgard Bovier, Geert Van Hecke, Yoshihiro Takahashi, Dong Zhenxiang, Chan Yan-tak. À cette liste d’étoiles Michelin, d’un nombre supérieur à 100, s’ajoute le soutien de Blancpain apporté pendant de nombreuses années au Bocuse d’Or, le plus prestigieux concours culinaire au monde, ainsi qu'au Guide Michelin.

Qu’est-ce qui explique cette affinité entre la Haute Horlogerie et la gastronomie ? De nombreux éléments, en réalité. Les deux domaines sont animés par une quête incessante de l’excellence, une attention aux plus infimes détails, un dévouement à l’artisanat, un sens artistique et un goût pour un certain art de vivre. C’est à travers tous ces aspects, qui représentent des valeurs partagées, qu’un respect et une compréhension mutuelle n’ont cessé de grandir.

Dans ce numéro, Blancpain salue un autre immense talent du monde de la haute cuisine : Martín Berasategui, chef distingué aux douze étoiles Michelin et lui-même amateur de longue date de Blancpain. Tandis que nous attendons avec impatience la réouverture du Lasarte-Oria (province du Guipuscoa), restaurant phare du Chef Berasategui, ainsi que d’autres restaurants que nous adorons aux quatre coins du monde, nous vous proposons un entretien exclusif avec le Chef cuisinier, mené par la personnalité de la télévision espagnole, David de Jorge.

Martín BERASATEGUI
Martín BERASATEGUI
Martín BERASATEGUI

Si un convive est satisfait de ce que je lui offre, JE LE SUIS ÉGALEMENT.

DJ : C’est ensuite que vous avez repris les rênes de l’entreprise familiale ?
MB : À 21 ans, j’ai dit à mes parents et à ma tante que je ne serais pas digne de rester avec eux si je ne me sentais pas capable de reprendre les rênes de l’entreprise. Ils ont approuvé et m’ont aidé autant que possible, ce qui a représenté une immense chance pour moi. J’ai commencé par rénover la cuisine dans laquelle celle qui est aujourd’hui mon épouse, Oneka Arregui, travaillait avec moi. Peu de gens le savent – car tout le monde est habitué à la voir diriger la salle de notre restaurant de Lasarte –, mais nous étions tous les deux aux fourneaux quand nous avons réalisé combien il était important de s’occuper de la salle. Il fallait tout soigner dans les moindres détails, rénover en adoptant un style contemporain, en accord avec ce que nous proposions. Je suis allé à la banque pour demander un prêt et, vu mon jeune âge, on m’a dit qu’il n’y aurait aucun problème si j’apportais la garantie de mes parents. J’ai répondu que je ne voulais pas les ennuyer, qu’ils étaient à la retraite, que c’était mon affaire et que c’était à moi de m’occuper de tout. En partant, je pestais contre tout le monde. J’avais l’impression de sombrer avant même de commencer. À l’époque, Eusebio, un berger d’Igueldo aujourd’hui décédé qui nous fournissait en lait de brebis, tomates et laitues, m’a entendu me plaindre et s’est porté garant pour moi. Il m’a pris par la main pour aller à l’agence bancaire et il a ordonné au directeur de me donner ce dont j’avais besoin sans broncher. Ma mère ne l’a découvert que des années plus tard.

DJ : C’est ainsi que vous avez commencé ?
MB : Oui. Quelque temps plus tard, alors que j’avais 24 ans, nous avons obtenu notre première étoile au Guide Michelin. Ce fut une surprise car le Bodegón se trouvait encore au sous-sol et aucune étoile n’avait jamais été accordée à un établissement auquel on accédait en descendant vingt-huit marches. L’endroit impliquait beaucoup de contraintes mais l’étoile nous a conféré une grande confiance.

DJ : C’est alors que vous avez rejoint le mouvement de chefs ?
MB : Non. Pas encore. Les chefs en question représentaient pour moi des modèles auxquels se conformer car ils avaient fait un excellent travail pour apporter de la dignité à notre profession. C’est arrivé un peu plus tard. À ce moment-là, mon modèle était Luis Irizar, le maître qui m’a appris que pour être un bon cuisinier, il faut aimer le métier avec passion, faire preuve de constance et être capable d’endurer beaucoup de souffrance. Quand tout le monde fait la fête, on travaille comme si on participait soi-même à la fête. Cette description du métier correspondait à la manière de travailler de mes parents. Plus tard, les Jornadas Gastronomicás du restaurant Zaldiarán à Vitoria-Gasteiz ont constitué le point de départ de tout ce qui m’est arrivé par la suite. Je me suis présenté en tant que jeune cuisinier et j’ai rencontré un grand succès. Les journaux titraient « Le triomphe de Berasategui » et d’autres choses comme ça. Ce fut le début de ma carrière publique, même si je la vivais comme un prolongement de ma vocation, car je considère que le plus
important dans la vie d’un cuisinier, c’est d’accumuler des connaissances sur ses bases solides. Je me souviens que c’est à cette époque que j’ai rencontré Alain Ducasse, qui n’était pas aussi mondialement reconnu qu’aujourd’hui. Il séjournait au Grand Hôtel de Saint-Jean-de-Luz et nous sommes devenus amis parce qu’il venait déjeuner chez moi.

DJ : On en revient à la France !
MB : En fait, je conçois la cuisine comme une accumulation de diverses expériences, une construction qui s’érige sur des bases personnelles solides. Comme je l’ai déjà dit, au final, c’est le travail qui compte : il faut réaliser ce que l’on a en tête même si cela implique des sacrifices et de gravir un escalier sans fin. Et je dois beaucoup à mon expérience française.

DJ : Voyez-vous les choses de la même manière aujourd’hui ?
MB : Assurément. Il faut monter toutes les marches, une par une. J’ai 46 ans de métier et je dois faire ce qui me correspond aujourd’hui. Par exemple, à travers mon banc d’essai, j’entends laisser un bon nombre de nouvelles recettes en héritage. Il s’agit de mes petits grains de sable personnels sur la plage des nouvelles élaborations. Cela n’a pas grand-chose à voir avec ce que je faisais il y a longtemps, pas plus qu’avec ce que je proposais dans mon restaurant il y a tout juste deux ans… même si, à vrai dire, tout découle de ce qui précède. Ce n’est rien d’autre qu’une évolution logique. C’est inévitable, j’ai maintenant une grande expérience, de grandes et magnifiques équipes, et je travaille entouré d’âmes soeurs...

Recettes OLIVES ASSAISONNÉES À NOTRE FAÇON

Ingrédients pour la farce d’olives :
1 l de coulis d’olives vertes « Agrucapers »
1 l d’eau de tomate
13 g de gomme de xanthane

Mélanger les ingrédients et passer au mixeur.
Passer au tamis fin.
Enlever l'air à l’aide d’une machine sous vide.
Avec le mélange, remplir à ras bord des moules en silicone en forme d'olives.
Mettre au congélateur. Réserver.

Ingrédients pour le beurre d'olives :
1 kg de beurre de cacao « Pacari »
150 g de pâte d'olives lyophilisée

Faire fondre le beurre à 90 °C, ajouter la pâte d'olives lyophilisée.
Passer au mixeur.
Tamiser.

Enrobage des olives :
Démouler les olives congelées.
Placer 9 piques (10 cm de long pour faciliter l’enrobage) dans des moules en polystyrène d’environ 15x15 cm.
Insérer sur chaque pique une moitié d’olive par le côté bombé.
Une fois les olives piquées, les mettre au congélateur pendant 10-15 minutes afin qu'elles adhèrent bien.
Ensuite, placer sur chaque pique une autre moitié d'olive congelée par le côté plat et la coller à la première moitié d'olive.
Remettre les olives au congélateur et les laisser reposer pendant 10-15 minutes pour qu’elles adhèrent bien et ne glissent pas lors de l'opération d’enrobage.

Chauffer le beurre d’olives à 85 °C dans une casserole suffisamment grande pour recevoir les 9 olives congelées.
Enlever les impuretés et faire mousser avant de commencer l’enrobage.
Prendre le moule à la main et immerger complètement les olives. Retirer immédiatement, retourner le moule et secouer contre une table pour enlever l'excès de beurre.
Avec un petit couteau, enlever rapidement la goutte qui s’est formée, avant qu'elle ne se solidifie.
Poser sur un plateau recouvert de papier sulfurisé et laisser décongeler au réfrigérateur.

Ingrédients pour le jus d'olives :
0,5 l de coulis d’olives vertes « Agrucapers »
1,5 l d’eau de tomate
4 g de gomme xanthane

Filtrer le coulis d’olives à l’aide d’une étamine.
Mélanger le liquide filtré avec l'eau de tomate. Ajouter la gomme xanthane pour épaissir.
Faire refroidir le mélange.

Finalisation et présentation :

Verser 15 ml de jus d'olives au fond d'un bol et placer dessus les olives reconstituées sorties du réfrigérateur. Décorer avec une pousse verte. Accompagner de fines tranches de pain aux olives noires.

Martín BERASATEGUI

Ce que j’ai de mieux, c’est mon palais et la complicité de mes équipes. QUAND NOUS AIMONS, NOS CLIENTS AUSSI.

DJ : Dans quel but ?
MB : Pour être encore plus heureux. Il y a des problèmes qui, abordés du seul point de vue économique, ne trouveront jamais de solutions. Plus les plats sont bons, plus on est satisfait. Quand un client apprécie mon menu dégustation, je sais tout de suite que je dois me réjouir. Si un convive est satisfait de ce que je lui offre, je le suis également. C’est ma vie et ma manière d’appréhender le métier. Je ne me contente pas de répéter ce que j’ai fait l’année précédente. Que je reçoive quelqu’un qui vienne d’Amérique, d’Asie, d’Océanie ou d’ailleurs, ou un jeune couple qui a économisé pour s’offrir un festin, j’aime leur proposer ce qui me représente aujourd’hui, pas ce qui me représentait des années auparavant.

DJ : Comment faites-vous ?
MB : Il est important d’avoir des convives auxquels se fier mais, en fin de compte, j’ai un atout majeur : mon palais, qui ne me trompe jamais. Si on me demandait quelle est ma plus grande qualité, je ne répondrais pas que je suis un grand travailleur, que j’ai une longue carrière ou quelque chose de ce genre. Ce que j’ai de mieux, c’est mon palais et la complicité de mes équipes. Quand nous aimons, nos clients aussi.

DJ : Qu’aimez-vous manger ?
MB : J’aime les produits extraordinaires, le jambon ibérique ou certaines kokotxas de merlu par exemple. Il y a de multiples manières de les préparer, mais je les préfère sous une forme traditionnelle, confites, en sauce ou panées. J’aime également les légumes. L’agneau de lait, j’adore, et le turbot sauvage, je ne vous dis pas ! Les poireaux de saison, les pois mange-tout, les haricots pocha ou haricots beurre tendres, les calamars à l’encre, le gibier à l’étouffée...

Taco de merlu tourné dans des cendres de papada ibérica, grains de fenouil et begi haundi liquide.

Taco de merlu tourné dans des cendres de papada ibérica, grains de fenouil et begi haundi liquide.

Infusion de cèpes marinés au jaune d’oeuf et miettes d’herbes croquantes.

Infusion de cèpes marinés au jaune d’oeuf et miettes d’herbes croquantes.

DJ : Comment avez-vous accueilli les récompenses ?
MB : En 2001, quand j’ai appris que nous avions obtenu la troisième étoile Michelin, nous étions attablés à la cuisine. J’étais ébahi et je n’ai pas pu dormir de la nuit : je suis sorti à l’aube et j’ai fait deux fois le tour de Saint-Sébastien, tout seul. Professionnellement, on ne peut pas demander plus. D’un point de vue personnel, j’ai été particulièrement touché par le « Tambour d’or » décerné par ma ville en 2005. Saint-Sébastien est la plus belle ville du monde, celle où je suis né et où j’ai grandi, où vivent ma famille et mes amis. Être nommé son meilleur ambassadeur, c’est quelque chose d’indicible.

DJ : Que pensez-vous du fait qu’un cuisinier soit considéré comme un artiste ?
MB : Un cuisinier est un cuisinier. Si l’on estime que la cuisine est un art, c’est un point de vue que je respecte. Personnellement, cela ne m’intéresse pas et je ne perds pas de temps à y réfléchir. Je suis très fier de mon métier et je n’ai pas besoin d’être architecte, sculpteur, peintre, façonneur de textures ou joueur de cornemuse. Je laisse cela à d’autres. Je noue mon tablier tous les matins et je suis heureux ainsi.

DJ : Qu’en est-il des produits, des fournisseurs ?
MB : Le produit est la première chose dont un cuisinier doit se préoccuper. J’exige des légumes de qualité exceptionnelle, que l’on ne trouve généralement pas sur les marchés. J’ai des fournisseurs spécialisés qui m’apportent ce dont j’ai besoin. Il est important de se rendre chez les producteurs et d’observer le fonctionnement de la nature en leur compagnie. Ils en savent beaucoup sur leur métier et il n’y a pas de meilleurs conseillers. Il faut être extrêmement attentif pour obtenir le meilleur de chaque chose. Nous recherchons toujours l’excellence, c’est notre première tâche. Mon restaurant n’est pas une maison ordinaire. On vient chez moi pour déguster des plats extraordinaires, il me faut donc des produits hors normes.

DJ : Votre cuisine est donc basée sur le produit ?
M.B. : Bien sûr que oui. Par exemple, nous nous devons de travailler avec les magnifiques pommes des environs, ainsi qu’avec tout ce que nos producteurs cultivent avec amour.

Noix de Saint-Jacques avec caviar « Ars Italica » sur lit de chlorophylle de persil et de ciboulette.

Noix de Saint-Jacques avec caviar « Ars Italica » sur lit de chlorophylle de persil et de ciboulette.

Citron au basilic, haricots verts et jus d’amande.

Citron au basilic, haricots verts et jus d’amande.

DJ : Comment définiriez-vous la cuisine basque ?
MB : Ce sont des produits, des savoir-faire. Dès que l’on met quelque chose en bouche, on sait si c’est 100 % basque ou pas du tout. Je ne peux pas l’expliquer. Cela relève des souvenirs, des sens, des odeurs, de notre tempérament et du charme mystérieux de ce pays. À chaque fois que je rentre d’un voyage à l’étranger, je me rends compte que cette terre a une odeur singulière. Je suppose que quelqu’un d’ailleurs pourrait dire la même chose : je reconnais immédiatement notre particularité, à tous les égards.

DJ : Pour finir, comment envisagez-vous l’avenir ?
MB : Mon truc, c’est de cuisiner, et cela va durer. Je m’occupe en priorité de ma vocation de cuisinier et la structure que je possède actuellement me permet de continuer comme je l’entends. De nos jours, les chefs sont très sollicités et j’aime conseiller les multinationales ou les investisseurs privés quant à la gestion de leurs projets. D’une certaine manière, nous sommes des générateurs d’idées nouvelles. En tant que tel, j’aime représenter les grandes marques que je considère comme des âmes soeurs, à l’image de mes amis de Blancpain. Cependant, je m’en tiens essentiellement à mon métier et à la poursuite de ma vocation. Si je garde le sourire, c’est précisément parce que je suis cuisinier et que je suis très impatient de faire mieux qu’hier. Les choses évolueront comme elles le pourront et il est clair que cette période s’avère mauvaise, mais je suis très positif, plein d’espoir pour l’avenir. Celui-ci réside dans le fait de continuer à profiter de la vie avec ma femme Oneka, ma fille Ane et mon gendre José à mes côtés, tous ensemble.

Martín dans la salle à manger de son restaurant à Lasarte, avec sa montre Villeret de Blancpain.

Martín dans la salle à manger de son restaurant à Lasarte, avec sa montre Villeret de Blancpain.

L’espace de réception du restaurant de Martín Berasategui à Lasarte.

L’espace de réception du restaurant de Martín Berasategui à Lasarte.


ÉDITEUR
Blancpain SA
Le Rocher 12
1348 Le Brassus, Suisse
Tel.: +41 21 796 36 36
www.blancpain.com
www.blancpain-ocean-commitment.com
info@blancpain.com


COMITÉ DE RÉDACTION
Marc A. Hayek
Andrea Caputo
Christel Räber Beccia
Jeffrey S. Kingston


RESPONSABLE DE PROJET
Christel Räber Beccia


RÉDACTION EN CHEF
Christel Räber Beccia
Jeffrey S. Kingston


AUTEURS 
David de Jorge
Jeffrey S. Kingston
Leila Mansour
Leung Mantao
Roger Rüegger


ADAPTATION FRANÇAISE
SwissTranslate
Susan Jacquet
Leila Mansour


RELECTURE/CORRECTION
Ubiqus
Blancpain

 

GRAPHISME, MISE EN PAGE
Tatin Design Enterprises GmbH
www.tde.tatin.info


DIRECTION ARTISTIQUE
Marie-Anne Räber
Oliver Mayer


PHOTOLITHOGRAPHIE
Sturm AG, Muttenz, Suisse


PRÉPRESSE ET IMPRESSION
Courvoisier-Gassmann SA,
Bienne, Suisse

PHOTOGRAPHIES DES MONTRES
Joël von Allmen
Renaud Kritzinger
Blancpain 


AUTRES PHOTOGRAPHIES/ ILLUSTRATIONS
Laurent Ballesta
Lisa Besset
Tim Carl
Bret Curry
Gari Diaz
Belen Ferro
Fiechter family
Harald Hois
Renaud Kritzinger
José Luis López de Zubiría
Thomas Pavy
Donna Reid
Roger Rüegger
Bert van der Waal
Dominique Weibel
Blancpain

Date de parution : Septembre 2021

 

 

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