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Chapitre 1

Le Brassus TOURBILLON CARROUSEL

Une première mondiale, un carrousel et un tourbillon réunis dans une montre-bracelet.

Auteurs du chapitre

JEFFREY S. KINGSTON

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JEFFREY S. KINGSTON
Le Brassus TOURBILLON CARROUSEL
Le Brassus TOURBILLON CARROUSEL
Numéro 14 Chapitre 1
Le Brassus TOURBILLON CARROUSEL

Le développement de la Tourbillon Carrousel était un PROJET ENTIÈREMENT INÉDIT.

Les indications données, en  2009, par Marc A. Hayek semblaient ne laisser aucune place au doute. « Étudions la possibilité de réaliser une montre qui réunisse un tourbillon et un carrousel. » Réunir ? Qu’entendait-il donc par ce terme ? Cette question serait tranchée par les horlogers de Blancpain. Ils venaient de recevoir une liberté de création illimitée afin d’élaborer des propositions qui associeraient les concepts du tourbillon et du carrousel, d’une manière qui corresponde à l’une ou à l’autre des nombreuses acceptions du verbe « réunir ».

L’annonce de cette mission a donné des ailes à leur imagination. « Pourquoi ne pas intégrer un carrousel à un tourbillon ou inversement ? », mais cette première idée n’a pas résisté à un examen détaillé. L’élément central du tourbillon est constitué par une roue fixe autour de laquelle gravitent les composants de la montre responsables de la mesure du temps, alors que le principe du carrousel repose sur le pivotement de ces mêmes éléments en l’absence de roue fixe. De ce fait, il n’existe aucun moyen d’intégrer ces deux dispositifs dans une seule construction. Logiquement, l’attention des horlogers s’est donc portée sur le développement d’un garde-temps totalement inédit, qui comporterait tout à la fois un tourbillon et un carrousel, réunis par leur double présence dans une seule montre.

Comme pour tout projet novateur, les prochaines étapes pouvaient prendre de nombreuses directions. Si un tourbillon et un carrousel sont disposés sur la même montre, un seul barillet doit-il alimenter les deux mécanismes et, en ce cas, quelle doit être la disposition de ces trois éléments à l’intérieur du boîtier ? Le barillet sur le haut avec le tourbillon tandis que le carrousel est logé quelque part au-dessous, ou le carrousel en haut et le tourbillon sur le bas, à moins qu’il ne soit préférable de les disposer de part et d’autre du barillet ? Chacune de ces configurations faisait l’objet d’une étude approfondie jusqu’à l’instant où une meilleure idée est apparue : doter le tourbillon et le carrousel de barillets séparés. En effet, des barillets distincts offraient la possibilité de parvenir à une disposition harmonieuse par l’alignement vertical du tourbillon et du carrousel.

Une fois retenue, cette décision a ouvert la voie aux phases ultérieures. Cette constatation n’implique nullement que l’inventivité s’est arrêtée à ce point, pas plus qu’elle n’avait débuté en 2009 par les indications délivrées par Marc Hayek. Dévoilée lors du salon de Bâle de 2013, la Tourbillon Carrousel est le fruit d’inventions qui ont marqué le début des années 1980 et se sont continuellement poursuivies pendant le quart de siècle suivant. En tout état de cause, la Tourbillon Carrousel conjugue trois domaines essentiels où s’est illustrée la force d’innovation de Blancpain. En premier lieu, la création du premier tourbillon volant une minute du monde. En second lieu, la réalisation du premier carrousel volant une minute du monde et, enfin, le développement des moyens nécessaires à réunir ces deux avancées capitales dans un seul garde-temps.

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La création d’un TOURBILLON VOLANT doté d’un balancier décentré était infiniment plus complexe que l’adaptation de constructions existantes.

Avant de retracer un cheminement qui s’est étendu sur quatre années pour associer ces deux constructions, il n’est pas inutile de remonter un instant le cours du temps afin d’examiner en détail les deux membres de cette union, car chacun incarne un achèvement horloger majeur.

Le Tourbillon Volant Une Minute de Blancpain. Comme tous les tourbillons fabriqués depuis l’invention de ce dispositif breveté en 1801 par Abraham-Louis Breguet, le Tourbillon Volant Une Minute est conçu pour compenser les écarts de marche dus aux changements dans les positions verticales. Indépendamment du soin apporté à sa réalisation, il est inévitable qu’une montre mécanique avance ou retarde légèrement dans les différentes positions verticales (généralement définies par les expressions « couronne en haut », « couronne en bas », « couronne à droite », « couronne à gauche »). L’idée fondamentale à l’origine du tourbillon consiste à faire tourner constamment les composants responsables de la mesure du temps, de sorte que les erreurs de position provoquées par la gravité s’annulent réciproquement. Sur tous les tourbillons, ces éléments sont disposés dans une cage qui tourne autour d’une roue fixe sur une base périodique (une rotation par minute est la norme la plus fréquente sur les montres modernes). Telle était l’essence du brevet octroyé en 1801 et elle demeure de nos jours le cœur d’une construction de tourbillon.

Mis au point au début des années 1980 par une équipe pilotée par Vincent Calabrese, le tourbillon original de Blancpain a été développé à partir du principe sur lequel reposent les habituelles constructions de tourbillon. L’usage en vigueur pendant les 180 années précédentes consistait à maintenir la cage en rotation entre deux ponts (l’un en haut, l’autre en bas) et à placer le balancier au centre de la cage. Vincent Calabrese et Blancpain ont considéré qu’il serait possible d’optimiser la conception classique en supprimant le pont supérieur et en décentrant légèrement le balancier. Ces améliorations ont apporté des avantages considérables. Premièrement, le retrait du pont supérieur a permis d’accroître la visibilité sur le mécanisme du tourbillon, car aucun obstacle ne s’interpose plus dès lors entre le tourbillon et l’œil de l’observateur. Cette construction à pont unique est appelée « tourbillon volant  », puisque l’unique support pour la cage en rotation est situé sur la partie inférieure du mécanisme. Cette disposition confère à la partie supérieure l’apparence d’une cage « volant » dans l’espace. Deuxièmement, en décentrant le balancier, Vincent Calabrese était en mesure de réduire de manière significative l’épaisseur de la cage et de créer ainsi le tourbillon le plus mince du monde.

Ces deux innovations de Blancpain ont rendu la réalisation d’un tourbillon incomparablement plus complexe qu’elle ne l’était pour les conceptions alors habituelles. À elle seule, la description du tourbillon volant révèle la difficulté additionnelle qu’elle présuppose : un pont au lieu de deux pour supporter la cage en rotation. Sa concrétisation a requis la mise au point d’un système de roulement à billes pour la cage sur le pont inférieur, qui a été perfectionné au fil des années par le recours à la céramique. À quel point la construction de la première montre-bracelet équipée d’un tourbillon volant était-elle révolutionnaire ? Blancpain n’avait pas uniquement réussi un achèvement exceptionnel, mais présentait au monde horloger le premier tourbillon volant une minute dans un garde-temps de toute dimension – qu’il soit de poche ou de poignet.

Le Carrousel Volant Une Minute de Blancpain. L’idée fondamentale du carrousel est identique à celle du tourbillon, la rotation constante des éléments responsables de la mesure du temps afin d’annuler les écarts provoqués par la gravité sur la marche de la montre en position verticale. La différence essentielle entre le carrousel et le tourbillon réside dans les moyens adoptés pour parvenir à cette rotation. Sur le tourbillon, les horlogers recourent à une roue fixe dont la rotation est utilisée pour délivrer l’énergie requise par l’échappement et le balancier. Un carrousel se caractérise par l’absence de roue fixe alors que deux trains de rouages sont employés, l’un pour faire tourner la cage et l’autre pour alimenter en énergie le balancier et l’échappement. Le carrousel est une invention de Bahne Bonniksen, un horloger danois qui s’était établi en Angleterre. Il avait pour intention de développer une montre précise qui contournerait le brevet déposé par Breguet. De manière subsidiaire, il espérait que sa construction serait plus économique que celle d’un tourbillon. Il est parvenu avec brio à remplir son premier objectif, mais il a échoué à atteindre le second. Si les montres de poche à carrousel ont démontré une précision supérieure aux performances affichées par les garde-temps équipés d’un tourbillon, leur fabrication s’est révélée plus coûteuse en raison de leur complication additionnelle et d’un nombre de composants plus important.

Malgré leur production plus onéreuse, les montres de poche à carrousel inspirées par Bahne Bonniksen suscitaient un vifengouement à Coventry, la ville de résidence de l’horloger, à la fin du XIXe et au début du XXe  siècle. En 1904, en effet, 38 des 50 meilleures montres soumises au concours de précision organisé par l’observatoire anglais de Kew étaient des carrousels, qui ont ainsi largement dominé la compétition. Malheureusement pour l’univers horloger, comme les carrousels étaient exclusivement construits outre-Manche, l’effondrement de l’industrie horlogère anglaise a également sonné le glas des carrousels et, par voie de conséquence, entraîné leur disparition complète.

Ainsi, au moment où Blancpain a recomposé une équipe, de nouveau dirigée par Vincent Calabrese, pour intégrer le premier carrousel à une montrebracelet, il s’agissait de faire revivre un art en grande partie oublié. Comme il l’avait fait pour le tourbillon, le team de Blancpain ne s’est pas contenté de recréer des mécanismes existants, il a mis au point une construction innovante sous de nombreux aspects. Lors de sa présentation au salon de Bâle en 2008, le carrousel de Blancpain n’était pas uniquement le premier carrousel inséré dans une montre-bracelet, mais aussi le premier carrousel volant une minute jamais réalisé et le carrousel qui offrait la plus longue réserve de marche de toute l’histoire de l’horlogerie.

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L’autre domaine dans lequel le carrousel de Blancpain a ouvert une nouvelle voie peut être considéré avec un certain amusement. Sur le tourbillon volant de Blancpain, c’est le balancier décentré qui confère à cette réalisation sa singularité. L’architecture inverse est utilisée sur le carrousel. Alors que les constructions historiques de montres de poche à carrousel comportaient un balancier décentré, Blancpain a résolu de faire figurer le balancier au centre de la cage.

La réunion. Les problèmes soulevés par la présence d’un barillet pour les deux constructions et la disposition des éléments n’étaient que les premiers défis posés par l’incorporation de deux mécanismes emblématiques de Blancpain dans une même montre. L’une des difficultés abordées initialement peut sembler banale, voire triviale. S’il y a deux barillets, le premier pour le tourbillon et le second pour le carrousel, comment doivent-ils être remontés ? Par l’entremise d’une seule couronne, assurément. Cependant, comme le tourbillon et le carrousel sont placés verticalement dans la montre, les deux barillets ne peuvent être situés l’un à côté de l’autre, mais doivent nécessairement se trouver face à face. L’interrogation fondamentale résidait dès lors dans la détermination d’une méthode pour remonter simultanément deux barillets disposés à quelque distance l’un de l’autre.

La solution a pris la forme d’une grande bague de remontage qui entoure le mouvement. Dotée de dents sur son bord interne, cette grande bague peut engager simultanément les roues de remontage des deux barillets. Malgré sa forme de « bague », les constructeurs de Blancpain préfèrent lui donner le nom de « couronne », car son objectif consiste à remonter les deux barillets.

La réalisation de cette pièce était tout sauf simple. Le problème se concentrait sur la manière de fixer la « couronne d’armage ». De nombreux composants ont été conçus pour maintenir cet élément en place. Afin d’assurer sa fixation latérale, quatre coussinets en rubis ont été répartis autour du mouvement, à des emplacements stratégiques. Trois d’entre eux aux points où s’exercent les contraintes les plus fortes, proches des

Une bague extérieure reliée à la couronne remonte simultanément les deux barillets.

Une bague extérieure reliée à la couronne remonte simultanément les deux barillets.

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Les BALANCIERS ET LES SPIRAUX sont identiques. L’inertie des premiers est réglable alors que les seconds sont confectionnés en silicium.

deux roues de remontage pour les barillets et à proximité de la tige. Un tenon en acier est situé sur la surface supérieure de chaque coussinet en rubis pour fournir un appui vertical. Dans l’autre direction, la couronne d’armage est maintenue à la hauteur requise par un tenon chassé dans le pont. La couronne est extrêmement difficile à produire. Sa forme complexe et la disposition interne de la denture exigent que chacune de ses dents soit taillée individuellement.

Au-delà d’un remontage unique, un autre aspect de cette « union » réside dans la conception commune de certains éléments du tourbillon et du carrousel. Les balanciers et les spiraux de chaque ensemble ont connu une évolution semblable. Pour la première fois, Blancpain a confectionné en silicium les spiraux du balancier pour le tourbillon et le carrousel. Ils s’accompagnent d’une autre innovation sous la forme d’une construction inédite pour le balancier qui possède des vis en or destinées au réglage de l’inertie. Ce dispositif, qui est une caractéristique de tous les récents calibres de Blancpain, offre une plus grande précision pour l’ajustage de la montre et une résistance supérieure aux chocs. Sur la Tourbillon Carrousel, les balanciers sont creusés à l’emplacement des vis de réglage. Ces découpes permettent d’insérer dans les cages des balanciers au diamètre légèrement plus grand. Dans chacune de leurs caractéristiques – spiral en silicium, réglage de l’inertie, dessin du balancier – le tourbillon et le carrousel sont identiques.

Le Brassus TOURBILLON CARROUSEL

Les deux barillets SONT REMONTÉS SIMULTANÉMENT par l’entremise de la « couronne d’armage » qui entoure le mouvement.

Les collectionneurs horlogers avisés se demanderont sans doute à ce point comment les informations en provenance des deux ensembles sont associées dans un seul affichage. La réponse se présente sous l’apparence d’un différentiel qui, en ce cas, comporte deux roues externes, chacune entraînée par un pignon, l’une depuis le tourbillon, l’autre depuis le carrousel. Le pignon est monté sur un dispositif appelé « satellite ». À son tour, l’aiguille des minutes de la montre est reliée à un axe qui tourne avec le satellite. Si le tourbillon et le carrousel suivent un rythme identique, la position relative du pignon du satellite ne changera pas et il tournera à la vitesse commune des deux systèmes. À l’inverse, s’il y a une différence dans le rythme des deux ensembles, le satellite tournera à la moyenne de marche entre les deux systèmes. Même si la construction est complexe, son fonctionnement est simple à comprendre. Pour deux entités distinctes, les résultats de l’une et de l’autre se compensent. Ainsi, prenons pour hypothèse que le tourbillon avance de 2 secondes par jour et que le carrousel retarde de 2 secondes par jour, il en résultera une précision parfaite, avec une absence totale d’écart, soit 0 seconde par jour. Un autre exemple : si le tourbillon n’accuse ni retard ni avance à 0 seconde par jour et que le carrousel avance de 2 secondes par jour, la montre affichera une avance de 1 seconde par jour.

En réalité, le mécanisme de la Tourbillon Carrousel est équipé de non moins de trois différentiels. En plus du différentiel conçu pour faire converger les informations en provenance des deux systèmes et déterminer une marche moyenne, il existe un différentiel pour l’affichage de la réserve de marche, disposée sur le fond de la montre, et un autre pour la correction de l’indication de la date.

Le Brassus TOURBILLON CARROUSEL
Le Brassus TOURBILLON CARROUSEL

Un dernier détail relatif à la construction du mouvement a retenu l’attention des horlogers, soucieux d’assurer une heureuse union. Dévoilé en 2008, le carrousel original de Blancpain possédait une réserve de marche de 100 heures, qui représentait un record du monde pour un garde-temps à carrousel. En établissant également de nouvelles normes au moment de leur présentation, les tourbillons de Blancpain ont porté la réserve de marche à 8 jours. Comme les deux, évidemment, fonctionnent de concert, les constructeurs de Blancpain ont fixé la réserve de marche à 7 jours et conçu un nouveau barillet plus grand pour le carrousel afin qu’il atteigne la même valeur.

La décoration du mouvement reflète le raffinement de sa construction. Le côté cadran de la montre Tourbillon Carrousel est ajouré afin de dévoiler la platine au regard de l’observateur. Pour la première fois sur l’un de ses calibres, Blancpain a gravé à la main un motif de guillochage connu sous le nom de « flinqué ». À travers le fond transparent, les ponts présentent une finition sablée rhodiée. Il existe divers traitements entre la bordure de la finition sablée et le bord poli brillant de l’anglage qui souligne la beauté des deux décorations. Mentionnons enfin deux derniers ornements : l’affichage de la réserve de marche recourt à un contraste entre un fond au fini sablé et un poli spéculaire pour illustrer l’état du remontage. Un anneau est disposé autour de l’ouverture du carrousel et il a été guilloché à la main comme la partie supérieure du mouvement.

Le cadran de la montre a été confectionné en émail grand feu. Pour lui conférer une profondeur supplémentaire, des couches successives d’émail sont déposées, chacune soumise à une cuisson avant l’application de la suivante. Les élégants index en or sont inhabituels sur un cadran émaillé.

La Tourbillon Carrousel est dotée d’un boîtier en or rouge au diamètre de 44,6 millimètres.

Chapitre 02

PÉTRUS

Quelles caractéristiques font de Pétrus le vin le plus révéré, apprécié et recherché de Pomerol ?

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JEFFREY S. KINGSTON
PÉTRUS
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